6e Rencontre du Réseau Syndical International de Solidarité et de Lutte, SIAL Cobas : qui nous sommes, la situation en Italie, les services éducatifs

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À l’occasion de la 6e rencontre du Réseau Syndacal International de Solidarité et de Lutte,
prévue à Chianciano Terme (Sienne) du 13 au 16 novembre, le SIAL Cobas présente trois
contenu. Le premier texte retrace les principes fondateurs et la pratique quotidienne de
notre syndicat, qui se reconnaît dans l’auto-organisation et la gestion directe par les
travailleuses et les travailleurs, contre toute forme d’exploitation et de discrimination. Le
deuxième offre un aperçu de la situation syndicale en Italie, marquée par une précarité
croissante, des inégalités salariales et des restrictions à la liberté de représentation, mais
aussi par des expériences vivantes de résistance. Le troisième approfondit le secteur de
l’éducation et des services à la personne, où la fragmentation contractuelle et
l’externalisation des services exigent une réponse collective: l’internalisation et la
reconnaissance de la valeur publique du travail éducatif. Avec ces trois contenu, nous
voulons alimenter le débat, y compris au niveau international, convaincus que seule l’unité et la solidarité entre les travailleurs et les travailleuses peuvent construire une alternative
réelle à la logique du profit et du capital.

TEXTE 1.

Présentation de SIAL-Cobas
(Italie)
Bonjour tout le monde. Le syndicat SIAL-Cobas a pris pour symbole une petite pièce de puzzle, car
nous nous prenons pour une toute petite partie du syndicat dont la classe travailleuse de notre pays a
aujourd’hui besoin et que nous travaillons à bâtir. Donc, nous ne croyons pas être à nous seul/e/s la
solution aux problèmes de la classe ouvrière. Nous avons beaucoup de choses à apprendre par les
expériences d’organisation existantes, c’est pourquoi nous sommes prêt/e/s à dépasser notre forme
actuelle et à nous joindre à toutes celles et à tous ceux souhaitant comme nous redécouvrir et fonder
un nouveau syndicat démocratique, géré par les travailleuses et les travailleurs eux-mêmes, fondé sur
une pratique syndicale partant des besoins et des intérêts de qui travaille.
Nous nous réclamons de l’expérience des Conseils ouvriers qui, de 1970 à 1985 en Italie, consistait à
élire les délégués des travailleurs dans l’entreprise. On exprimait chacun/e une voix de préférence, un
seul nom sur une feuille blanche, sans qu’il y ait de candidat/e/s ni de listes formées par les divers
syndicats. Les élu/e/s formaient ensuite le CdF, Consiglio di Fabbrica [‘conseil d’usine’], et cet
organisme répondait par conséquent beaucoup plus aux travailleurs qu’au syndicat auquel chaque
élu/e pouvait adhérer. Nous estimons que celui-ci est toujours l’organisme le plus adéquat pour
pratiquer l’auto-organisation des travailleuses et des travailleurs.
SIAL-Cobas nait au sein de l’histoire et des luttes du syndicalisme alternatif et notamment « de base »
dans notre pays. Nous considérons l’auto-organisation et l’autogestion le moyen pour exercer le conflit
social du côté du travail salarié et le critère auquel s’inspirer – et à pratiquer avec cohérence – afin
d’esquisser les grandes lignes d’une société future juste, juste en tant que libérée de toute forme
d’exploitation, de discrimination et de violence. Tout en étant une réalité petite mais significative, le
nôtre est un syndicat de classe, démocratique, fondé sur la participation et attentif à la justice envers
les femmes, contraire à toute discrimination et exclusion, engagé contre le sexisme, l’homophobie, la
transphobie, le racisme, l’exploitation du travail des immigré/é/s, la corruption et le ravage de
l’environnement. En Italie notre intervention dans le domaine du travail s’entrelace à l’engagement sur
le territoire, depuis la Vallée de Susa avec le mouvement anti-TAV-TTGV, jusqu’au Midi : à la « terre
des feux » du trafic des déchets en Campanie, au mouvent contre la construction du pont enjambant le
canal entre Calabre et Sicile. Nous sommes contraires au réarmement, au néo-colonialisme et nous
sommes à côté des peuples autochtones.
Notre proposition aux autres organisations c’est la création d’une coordination intersyndicale des
délégué/e/s élu/e/s par les travailleuses et les travailleurs et d’intervention en accord entre syndicats et
vérifiée avec la base à travers l’élection de délégué/e/s ad hoc sur la base des contenus issus par des
assemblées générales sur les divers sujets.
Celle-ci est une méthode unitaire et de base que nous croyons utile et nécessaire afin de rendre
efficaces aussi bien les prises de position que la participation aux luttes et aux grèves, générales ou
d’entreprise, déclarées par les divers syndicats de base.
Finalement, la liberté syndicale ne se borne pas à notre avis à pouvoir fonder un (énième) syndicat
ayant accès aux droits, sans répression et/ou discrimination : pouvoir encaisser les cotisations, élire les
délégué/e/s, appeler à l’assemblée durant les heures de travail c’est bon, mais ce qui manque, c’est le
droit des travailleuses et des travailleurs de décider tous ensemble quelles demandes, quelle
plateforme apporter aux négociations, d’élire la délégation qui va négocier et de pouvoir la changer à
tout instant si elle ne répond pas aux attentes.
En plus, dans cette occasion nous proposons à tout le monde le sondage d’opinion “Pensa alla salute”
[« songe à ta santé »] à réaliser parmi les salarié/e/s afin de vérifier les conditions de travail qu’elles/ils
vivent. Le sondage est à disposition dans plusieurs langues.
À niveau international, nous proposons de nous concentrer sur les moyens d’améliorer santé, salubrité,
sécurité dans le travail et de lutter pour des productions soutenables écologiquement. Dans le rayon multinational, nous proposons un échange de renseignements à partir des entreprises où nous
sommes présent/e/s : Piaggio, Honeywell, Xerox, Wood, Sandberg Silanos et autres.
Nous sommes part du Réseau syndical International et nous sommes ici à Chianciano pour nous
confronter et apprendre. Nous croyons qu’il est indispensable agir sur un plan international afin de
défendre les intérêts des travailleuses et des travailleurs dans chaque coin de la planète, au-dessus
des frontières. Puisque le capital agit sur l’échelle mondiale, le nouveau mouvement du travail salarié
doit en faire autant dans sa réorganisation afin de se faire porteur d’une alternative à sa crise.
Nous remercions tou/te/s les présent/e/s du RSISL pour l’échange que nous aurons dans ces jours-ci
et nous souhaitons pouvoir développer et approfondir nos rapports à l’avenir.
info@sialcobas.it www.sialcobas.it

TEXTE 2. Fiche récapitulative sur la situation en Italie

En Italie, environ 24 millions de personnes sont salariées, dont 3 millions dans la fonction
publique. 500 000 autres personnes travaillent dans le secteur des services publics, dans
des services privatisés ou des consortiums (crèches, écoles, santé, handicap, etc.), avec
des droits et des salaires inférieurs.

Les autres se répartissent entre l’agriculture (1,5 million), l’industrie (environ 5 millions) et
le commerce et les services. Dans les entreprises de plus de 15 salariés, le statut des
travailleurs permet d’élire des représentants syndicaux et donne droit à 10 heures de
réunion rémunérées pour tous les salariés. Les délégués élus ont droit à des congés
syndicaux et, au-delà de 200 salariés, à un bureau équipé. Environ 6 millions de
personnes travaillent dans de petites entreprises de moins de 15 salariés sans droits
syndicaux (pas d’élection de délégués, pas de congés syndicaux ni de 10 heures de
réunion rémunérées par an). La difficulté de syndicalisation et la détérioration des
conditions salariales et réglementaires sont également dues à l’augmentation continue des
formes d’embauche (47), du travail intérimaire (à la tâche) qui prévoit le staff leasing
(c’est-à-dire l’embauche à durée indéterminée mais avec l’agence d’intérim). À la précarité
s’ajoutent les emplois à temps partiel (souvent involontaires). Les différences entre les
sexes sont très marquées dans le domaine du travail à temps partiel : plus de 4 millions de
personnes sont concernées, dont 3 sur 4 sont des femmes. Sur le total des salariés, les
contrats à durée déterminée représentent 12,5 %, mais 25 % chez les jeunes jusqu’à 34
ans.

La Constitution italienne (articles 39 et 40) prévoit la liberté d’organisation syndicale (votes
et adhésions) et de grève (il n’y a pas de condition d’effectif minimum pour la déclarer,
mais depuis 1990, des restrictions ont été mises en place avec des garanties de services
minimums et des limites qui dépendent des décisions de la commission de garantie). Une
procédure d’infraction a été engagée ces dernières semaines contre certains syndicats
(Cgil, Cobas, etc.) qui ont déclaré la grève très suivie du 3 octobre 2025.

La loi actuellement en vigueur prévoit que pour bénéficier de droits syndicaux
supplémentaires, il faut signer le contrat d’entreprise/national, ce qui a été jugé
inconstitutionnel par la Cour constitutionnelle dans des arrêts rendus en 2013 et 2025.
Tous les syndicats présents dans l’entreprise et comptant des adhérents ne jouissent pas
des mêmes droits. Les employeurs et les entreprises peuvent choisir qui ils souhaitent voir
s’asseoir à la table des négociations contractuelles et bénéficier des droits syndicaux
(élections et congés pour les délégués, assemblées rémunérées, etc.). Il en résulte de fait
une discrimination (entre ceux qui ont une forte présence de membres, de participants aux
grèves, en somme, un consensus évident parmi les employés, mais qui n’ont pas signé

d’accords syndicaux, et ceux qui sont discriminés, à savoir les syndicats et les travailleurs
privés du droit de faire valoir les syndicats qu’ils ont choisis.

Le récent arrêt n° 156 de la Cour constitutionnelle du 30 octobre 2025 ajoute le critère de
la «représentativité comparative au niveau national » sans résoudre réellement le
problème du libre choix des travailleurs qui, au niveau de l’entreprise, ont librement choisi
d’autres syndicats nouvellement créés qui, avec le temps, pourraient atteindre la taille
prévue, mais auxquels on ne devrait pas refuser des droits qui entravent la liberté de choix
des travailleurs. Il manque toujours une loi démocratique pour élire les délégués syndicaux
des travailleurs et sur les libertés syndicales. Lors des récentes élections dans la fonction
publique, plus de 1,2 million de personnes ont voté pour les RSU (représentation
syndicale unitaire) et 135 syndicats se sont présentés. Les trois organisations syndicales

CGIL, CISL et UIL ont recueilli plus de 95 % des voix. Les quelque 20 syndicats de base
(dont USB, CUB, Cobas, etc.) ont obtenu 55 000 voix et comptent 33 000 membres en
2024.

Le syndicat SIAL-Cobas était présent avec des listes intersyndicales à la mairie de Milan
(au sein de la liste SLAI Cobas avec ADL-Cobas et CUB) et à la Région Lombardie avec
la liste SIAL-Cobas (au sein de laquelle se sont présentés des représentants du S.I.
Cobas). Nous cherchons et proposons de mettre en place la présentation d’une liste
unique sur les lieux de travail et une activité intersyndicale dans ces secteurs et dans
d’autres. Dans le secteur des coopératives sociales (aide scolaire et autres), nous avons
essayé au fil des ans de mettre en place une activité intersyndicale qui a conduit un millier
de travailleurs/travailleuses à s’exprimer en ligne sur des revendications alternatives.
Certains points ont été repris de manière très partielle par les syndicats négociateurs.
Quelques grèves assez suivies ont été organisées, mais cette expérience est au point
mort depuis longtemps. Dans le secteur du transport ferroviaire, parmi les employés du
réseau, de la maintenance et du personnel roulant, des protestations et des grèves sont
en cours, décidées lors d’assemblées mensuelles en ligne ouvertes à tous les employés
qui décident de la grève, puis proclamées officiellement par certains syndicats (CUB,
SGB, USB, etc.). Dans ces réalités également, les votes des délégués syndicaux n’ont pas
eu lieu depuis des années.

Tous les trois ans, presque régulièrement, dans la fonction publique et dans la partie
syndiquée de l’industrie, des élections valides sont organisées avec plus de 50 % + 1 des
employés. Dans la fonction publique, les syndicats qui peuvent siéger à la table des
négociations doivent avoir obtenu 5 % des voix et des adhérents dans le contrat
d’appartenance. Et le contrat est valable s’il est signé par des syndicats qui ont plus de 50
% + 1 des votes et des adhérents. Il en va de même pour l’industrie et le commerce, où

des accords similaires à ceux de la fonction publique sont en vigueur, avec plusieurs
limites et obstacles, parmi lesquels le fait que seuls les syndicats signataires peuvent
décider de lancer le premier vote incluant tous les employés (une fois de plus, les
travailleurs sont soumis aux choix externes des syndicats, qui pourraient ne pas avoir
intérêt à ce que tout le monde vote).

Dans le secteur bancaire, aucun vote impliquant l’ensemble des plus de 250 000
employés n’a jamais été organisé. Il en va de même pour de nombreuses entreprises.
Dans d’autres cas, par choix syndical, tant la CGIL, la CISL et l’UIL que, dans de
nombreux cas, les syndicats dits de base (CUB, Cobas, etc.) ne font voter que les
membres (sans en informer tous les salariés) pour élire la RSA (représentation syndicale
d’entreprise) et concluent parfois des accords syndicaux qui ne s’appliquent qu’aux
membres.

La présence syndicale avec des membres et des délégués dans le secteur privé ne
dépasse pas 30 %, avec de fortes différences. La fragmentation patronale des entreprises
peut être observée à partir de certaines données : les contrats nationaux étaient environ
300, ils sont maintenant environ 1 000. Pour les métallurgistes, il y en avait 4 (artisans,
industrie privée, parapublique et petites entreprises), il y en a maintenant plus de 25,
même si le contrat le plus important reste celui de Confindustria-Federmeccanica, qui
n’inclut toutefois pas l’ancienne FIAT (aujourd’hui Stellantis), CNH et
Ferrari, qui ont un contrat séparé. Les conditions salariales des travailleurs se sont
détériorées, comme le montrent de nombreuses enquêtes, y compris celle de l’OCDE, qui
indique que depuis 1992, en 30 ans, les travailleurs ont perdu 2,9 % de leur valeur réelle.
Cela est dû à la suppression de l’indexation des salaires (1992-1993, suppression de
l’échelle mobile) et à son remplacement par des conventions collectives nationales liées à
l’inflation programmée pour une période donnée (jamais véridique et sans arriérés), puis,
après plusieurs années, par des contrats séparés avec l’ introduction du « pacte pour
l’usine » de 2018 (Confindustria et Cgil, Cisl et Uil) qui sert de guide, un ajustement est
introduit à l’aide de l’indicateur européen IPCA- NEI, mais en excluant la valeur des
produits énergétiques, sans effet rétroactif et payé en juin de l’année suivante (par
exemple pour les métallurgistes).

Cela entraîne une baisse constante de la valeur réelle des salaires, qui ne peuvent jamais
rattraper l’inflation réelle. Cette règle ne s’applique pas à tous les renouvellements
contractuels : dans la fonction publique, le contrat séparé (sans la CGIL, l’UIL et l’USB)
des fonctionnaires ministériels a connu des augmentations de 6 % au lieu d’une
récupération de 17 %. À cela s’ajoutent souvent des renouvellements manqués et retardés
dans le temps. Et dans les différents secteurs et contrats, des pertes importantes ont été
constatées au cours des décennies. Un exemple parmi d’autres au niveau professionnel
comparé : le salaire contractuel d’un métallurgiste (niveau 4) était de 1 057,70 euros en

2000 et de 1 989,38 euros en 2024, tandis que l’employé/associé avec le contrat des
coopératives sociales (niveau D1) gagnait 1 062,09 euros en 2000 et 1 605,99 euros en
2024, soit un salaire inférieur à celui du métallurgiste de plus de 380 euros par mois.

Les négociations nationales et la résiliation des contrats dans les entreprises
historiquement syndiquées ont entraîné une baisse des salaires : les employés de l’hôpital
San Raffaele ont subi le passage du contrat public de santé au contrat privé et ont vu 99
accords d’entreprise amélioratifs résiliés. Après des années de lutte, ils avaient
partiellement récupéré le contrat public, qui a ensuite été à nouveau résilié. Une lutte est
en cours pour demander des conditions économiques et réglementaires égales à celles de
leurs collègues du secteur public. Dans certaines entreprises privées, la résiliation des
accords d’entreprise a entraîné une différence salariale de plus de 7 000 euros par an à
compétences égales et souvent à niveau d’études plus élevé. Nous devons donc viser
l’indexation des salaires à court terme (en Italie, la fréquence était même bimestrielle ou
trimestrielle) et la rétroactivité, ainsi que des augmentations salariales importantes. Afin de
combler les différences entre les sexes et les moins bien rémunérés (nouveaux
embauchés, jeunes), il convient d’introduire des augmentations inversement
proportionnelles et non pas seulement égales pour tous (voir l’exemple des contrats
automobiles aux États-Unis il y a quelques années). Il convient également de soutenir la
proposition selon laquelle, en l’absence de renouvellement du contrat dans les délais
prévus, une augmentation salariale significative, adaptée à la hausse des prix, entre
automatiquement en vigueur.

Les négociations d’entreprise concernent la fonction publique avec des limites de
redistribution discriminatoires et différenciées (avec des bulletins individuels) entre les
travailleurs, mais elles ne sont possibles que grâce aux économies réalisées en réduisant
les effectifs et les services (voir par exemple https://multicobas.org/ ). Les négociations
d’entreprise dans les entreprises privées concernent un peu plus de 20 % des entreprises
et du personnel. Depuis 2016, elles sont en vigueur avec des critères d’amélioration de
l’efficacité et de la productivité, etc. et avec des allègements fiscaux sur ces parts de
salaire/avantages sociaux/bien-être (en biens et services) qui ont été de 10 %, de 5 % et
qui, dans cette loi de finances pour 2026, seront de 1 %. Les primes dites « de résultat »
nécessitent de déterminer différents indices (dont au moins un doit être positif par rapport
à l’année précédente) qui sont généralement contradictoires (éviter les erreurs, améliorer
la qualité et augmenter la productivité, etc.). Un critère que, comme SIAL-Cobas, nous
invitons tout le monde à exclure des accords et à combattre est celui de la présence-
absence qui affecte et discrimine les travailleurs malades et va également à l’encontre de
certaines lois. Ces versements incertains et variables devraient être remplacés par des
augmentations fixes ou, mieux encore, indexées.

L’absence de réforme fiscale sur les salaires a entraîné, rien qu’au cours des deux
dernières années, une augmentation de 25 milliards d’euros des salaires, mais celle-ci a
été absorbée par le fisc (drainage fiscal) sans permettre une récupération partielle des
salaires. Le gouvernement propose aux salariés, de manière différenciée, un
remboursement d’environ 2 milliards d’euros pour 2026. Les syndicats CGIL, CISL et UIL,
afin d’éviter les demandes d’augmentations salariales importantes auprès des employeurs
et des entreprises, demandent la défiscalisation des augmentations salariales des
conventions collectives nationales et d’entreprise (pour les rares qui en bénéficient). Le
SIAL-Cobas s’y oppose car cela entraînerait un appauvrissement supplémentaire des
caisses de l’État et des coupes dans les services sociaux. Une réforme fiscale progressive
et la lutte contre la fraude fiscale ne sont pour l’instant pas à l’ordre du jour de l’action
syndicale, mais c’est la voie à suivre, parallèlement à la réduction des subventions aux
entreprises.

La retraite publique est toujours présente, avec des restrictions constantes et une
dévaluation des rendements, auxquelles s’ajoute l’allongement de la durée de la vie
active. Depuis le milieu des années 90, des fonds de pension contractuels ont vu le jour,
auxquels adhèrent 10 millions de salariés. Le SIAF (registre des fonds de santé) recense
324 fonds proposant des traitements diversifiés, y compris au sein d’un même fonds
contractuel, en fonction de la cotisation, auxquels adhèrent environ 16 millions de
personnes. Le SIAF (registre des fonds de santé) recense 324 fonds avec des traitements
diversifiés, même au sein d’un même fonds contractuel, en fonction des cotisations,
auxquels adhèrent environ 16 millions de personnes, dont environ 8 millions de salariés et
assimilés (membres de coopératives, etc.). Les fonds de pension et de santé détournent
les travailleurs et les travailleuses avec l’illusion de rendements, de cotisations
supplémentaires des entreprises (qui découlent d’une absence d’augmentation
contractuelle dans les salaires). En outre, ils constituent des charges prestigieuses
(conseils d’administration) et du travail supplémentaire qui se répartissent entre le syndicat
des patrons et celui des travailleurs. Outre le préjudice général, il y a toutefois des coûts
supplémentaires à la charge des travailleurs adhérents.

La santé et la sécurité au travail ainsi que les productions respectueuses de
l’environnement ont régressé au fil des ans. En Italie, on continue de déplorer chaque jour
plus de 3 accidents mortels et de nombreux autres accidents ayant des conséquences
graves et très graves sur la santé des travailleurs. En outre, nombreux sont ceux qui
décèdent ou deviennent invalides à cause d’une maladie professionnelle, même si dans la
plupart des cas, celles-ci ne sont pas déclarées comme telles. Les dommages causés à la
santé par le système de production (capitaliste) sont de plus en plus répandus et difficiles
à combattre. Aux fatigues et aux risques du siècle dernier se sont ajoutés le stress lié au
travail, le burn out et des milliers de nouveaux produits chimiques aux risques difficilement
prévisibles. Les maladies professionnelles sont en constante augmentation. Le contrôle
des rythmes de travail, notamment grâce à la technologie numérique qui permet de confier

aux techniciens non seulement le travail classique, mais aussi celui de l’employé, du chef
et du magasinier, entraîne une augmentation de la saturation et une fatigue physique et
psychique considérable. Même l’utilisation normale de la souris peut provoquer le
syndrome du canal carpien qui, au siècle dernier (mais dans certaines réalités encore
aujourd’hui), était causé par un tournevis manuel ou automatique et par la répétitivité qui
continue d’être présente dans de nombreux lieux de travail. C’est pourquoi nous
proposons à tous/toutes un sondage « Pensez à votre santé » à réaliser auprès des
employés afin de vérifier ce qu’ils vivent (il est disponible en plusieurs langues).

Au niveau international, nous proposons d’accorder une plus grande attention et
d’effectuer des contrôles collectifs sur les moyens d’améliorer la santé, la sécurité et les
productions respectueuses de l’environnement. Pour les activités dans les multinationales,
un échange d’informations à partir de certaines réalités où nous sommes présents:
Piaggio, Honeywell, Xerox, Wood, Sandberg Silanos et autres. Nous remercions les
membres de la RSISL pour les discussions que nous aurons ces prochains jours et
espérons pouvoir développer des relations meilleures et plus approfondies à l’avenir.
info@sialcobas.it www.sialcobas.it

TEXTE 3.

Présentation du Secteur de l’Éducation (services externalisés)
Assez des appels d’offres et des contrats précaires : INTERNALISATION
Cadre des services à la personne en Italie
Le système des services à la personne comprend différents domaines relevant d’institutions
publiques diverses, mais reliés par le type d’intervention auprès des personnes et par le rôle ou la
fonction de ceux qui les exercent : socio-éducatif, socio-sanitaire et d’assistance.
Crèches, écoles maternelles, assistance scolaire pour les élèves en situation de handicap, aide à
domicile (enfants, personnes âgées, personnes handicapées), centres de jour et socio-éducatifs,
foyers pour mineurs, centres de jour pour personnes handicapées, centres d’accueil pour migrants
et mineurs étrangers non accompagnés, appartements supervisés, interventions de protection des
mineurs, parcours de réinsertion ou en milieu carcéral. L’autorité contractante varie selon le
domaine : Commune, Région, Préfecture, Ministère.
Outre les services entièrement privés, gérés par des entreprises et structures privées avec des
contrats du secteur social privé et des tarifs à la charge des usagers (comme les crèches privées,
l’aide à domicile, ou les centres de soutien), la plupart des services publics — c’est-à-dire ceux
auxquels les citoyens accèdent par l’intermédiaire des services sociaux municipaux — sont
aujourd’hui confiés à des entités privées ou du tiers secteur (coopératives, fondations,
sociétés publiques spéciales).
La gestion s’effectue par différents mécanismes d’externalisation : appels d’offres, délégations
directes par conventions ou formes de co-construction entre le public et le privé.
Par exemple, les entreprises publiques spéciales sous forme de consortium, particulièrement
répandues en Lombardie (région où se concentre principalement notre activité syndicale dans le
secteur éducatif), gèrent en association plusieurs services publics locaux, y compris les services
éducatifs.
Négociation collective et fragmentation. Les principaux contrats collectifs publics du secteur
sont le CCNL des Collectivités Locales et Régions et le CCNL de la Santé Publique,
aujourd’hui résiduels et largement remplacés par des contrats du secteur social privé, tels que le
CCNL des Coopératives Sociales (environ 450 000 salarié·e·s) et le CCNL Uneba (environ 135
000 salarié·e·s). Si ces deux conventions, parmi les plus représentatives, regroupent ensemble
près de 600 000 salarié·e·s, il est raisonnable de supposer — bien qu’il n’existe pas d’estimations
précises — que le personnel des services socio-éducatifs et socio-sanitaires externalisés avoisine
le million de personnes.
 CCNL Coopératives Sociales : salaire de base brut, niveau D2 (éducatrices/éducateurs
diplômé·e·s) : 1 727,83 € bruts × 14 mois (à 100 % à partir de 2026)
 CCNL Uneba : salaire de base brut, niveau 3S (éducatrices/éducateurs diplômé·e·s) : 1
662,40 € bruts × 14 mois
 CCNL Collectivités Locales : salaire de base brut d’entrée pour le niveau D (cadres de
haute qualification, niveau correspondant aux éducatrices/éducateurs diplômé·e·s) : 1
934,36 €
Dans le seul secteur socio-sanitaire et d’assistance, on compte 47 conventions collectives
nationales, dont 27 sont considérées comme “pirates”. Dans le secteur éducatif privé, on
trouve également des conventions comme Agidae, Aninsei, Fism, Aias, Anaste, Diaconia Valdese,
etc. : toutes avec des niveaux salariaux et des protections inférieurs à ceux des contrats
publics (Collectivités, Santé, Ministère de l’Éducation et de la Justice).
Les services d’assistance scolaire
Dans ce domaine — où travaille une grande partie des salarié·e·s en lien avec le Réseau
intersyndical (ADL COBAS, SIAL COBAS, CLAP, COBAS, CUB) — la revendication d’une
internalisation au sein du Ministère de l’Éducation et de l’application du CCNL “Éducation
et Recherche” au personnel éducatif, au même titre que le personnel enseignant, est portée
depuis des années. Cette revendication s’oppose aux projets de loi actuellement débattus au

Parlement, qui prévoient des mécanismes d’internalisation partiels et insuffisants, transférant la
responsabilité aux collectivités locales, de plus en plus déficitaires en raison des coupes
continues dans les dépenses sociales.
Fragmentation et conséquences pour les usagersLe travail éducatif est de plus en plus
externalisé, précaire et fragmenté, marqué par des contrats appauvris et des conditions qui
poussent nombre de travailleur·se·s à quitter le secteur. Parmi les problèmes les plus fréquents :
salaires inférieurs à 10 € nets de l’heure, temps partiels involontaires, usage abusif du compte
épargne-temps, nuits de garde non rémunérées, structures inadéquates et souvent peu sûres.
À cela s’ajoutent des droits syndicaux non reconnus, en contraste frappant avec le secteur
public, où la représentation syndicale est plus solide (présence de comités du personnel – RSU),
ainsi que des niveaux élevés de stress et de rotation du personnel.
La catégorie subit une forte fragmentation, aggravée par les coupes budgétaires du gouvernement
dans les collectivités locales et les dépenses sociales.
Une formation hétérogène (avec des diplômes différents selon les régions), la coexistence de
multiples conventions collectives, un travail souvent individuel et un manque de collégialité
rendent difficile l’organisation et la défense des droits.
Ce n’est pas un hasard si de nombreuses expériences syndicales ou pseudo-syndicales
autogérées sont nées en dehors des lieux de travail, à travers des assemblées et des réseaux
territoriaux.
La prolifération des contrats contribue à diviser la catégorie, en contraste avec le secteur de la
métallurgie, où plus de 1,5 million de salarié·e·s (pour la plupart dans les PME) relèvent d’une
seule convention collective nationale.
De plus, diverses associations corporatives promeuvent des revendications sectorielles
(création d’ordres professionnels, équivalences partielles de diplômes et de classifications) qui
fragmentent encore davantage le secteur et freinent une action syndicale plus universelle et
inclusive.
L’expérience du Sial Cobas : un conflit dans le nord de Milan Depuis plusieurs années, nous
menons sur le territoire la lutte pour l’internalisation dans le secteur public des services
externalisés, avec la reconnaissance d’une convention collective nationale adéquate. Une lutte
qui s’inscrit également à l’échelle nationale, avec des phases alternées de mobilisation et
d’initiatives syndicales. À l’été 2025, dans la périphérie nord de Milan, un nouveau conflit s’est
ouvert, impliquant des travailleur·se·s de trois syndicats différents et une entreprise publique
spéciale regroupant quatre communes et environ 200 salarié·e·s (crèches, centres de jour pour
personnes handicapées et autres services).
Unissons-nous contre la précarisation et l’externalisation Notre lutte est syndicale,
culturelle et politique : réaffirmer la dignité du travail éducatif et la centralité du service
public.
La précarisation et l’externalisation du travail de soin touchent également les usagers : « ceux qui
travaillent avec la marginalité deviennent eux-mêmes marginaux ». Les conditions de travail se
répercutent directement sur la qualité des services et sur la vie des personnes qui en bénéficient.
C’est pourquoi nous réaffirmons l’urgence de construire des alliances sociales et
intersectorielles, au-delà des frontières professionnelles, pour défendre ensemble les droits, les
salaires et la dignité du travail public.